Écrire pour Léo Baron
c’est entrer dans la peinture, un geste, des matières, des couleurs ;
c’est poser une trace sans narration, sans signe - juste une trace, souvent recouverte d’autres.
Pour écrire, des rencontres
Léo m’a raconté
Léo m’a raconté
des traces de sa mémoire, de son parcours, de sa liberté conquise avec laquelle il réécrit aujourd’hui une histoire avec un cadrage, un point de vue et des couleurs pour y faire peinture.
Comme quand Léo rencontre Yann
Baron peintre et Brunel architecte
Bâtissent
une maison …et une commande publique pour une bibliothèque !
Une collection de signes assemblés, modelés par tous les sens pour y lire :
des idées, des pensées ; un sens
Y organiser aussi la mémoire et la façon de s’en souvenir.
Sans titre (je crois),
souvent carrés ou rectangulaires (enfin presque : incarnés !),
les panneaux de bois sont enduits de peinture et, « travaillant dans le frais », signés
non pour signifier ce qui serait avoir (leurre matériel) ;
non pour y déceler quelques significations mystérieuses (à la manière dont on expose trois tablettes Rongo rongo*), car ces traces ne sont pas encore et pour toujours signes.
Au seuil du signe, il devient image emportant avec lui toute possibilité de saisissement immédiat, au-delà de sa forme, une absence,
recouvert par une nouvelle couche,
puis à nouveau écorché dans le frais,
ce presque signe reste image créant un palimpseste aux couleurs ocres, noires ou blanches.
La qualité de ses teintes et de ses « pro{to}-signes » ici importe
non pour ce qu’elle aurait en elle de potentiellement déchiffrable où l’on pourrait y lire et y rêver ce que l’on y imaginerait. Ici, il n’y a rien à lire de la pensée de l’artiste caché par je ne sais quelle artifice, il n’y a pas d’au-delà d’une forme, d’une matière, d’une couleur, trouée, nous offrant la mémoire d’un geste, de ses oublis et de son outil choisis pour leurs plaisirs formels, leurs rythmes, leurs vibrations.
Il faut être présent (physiquement) pour voir cette peinture.
Elle nous convoque non pour quelques distractions futiles ou quelques histoires sérieuses…
mais pour l’acte critique de voir une peinture au « seuil du signe » à présent et exposé.
* Rongo-rongo est le nom donné à un système de signes gravés sur bois qui pourraient constituer une écriture. Découvertes sur l'Île de Pâques en 1864 par le frère Eugène Eyraud, ces inscriptions ont résisté à toutes les tentatives de déchiffrement – wikipedia.
Des tablettes Rongo rongo étaient exposées dans le cadre d’écritures silencieuses à l’espace Louis Vuitton à Paris en 2009. Étienne TABURET